Quand l'agriculture urbaine se réinvente

Alors que l'insécurité alimentaire mondiale augmente, des entreprises et des villes cherchent des moyens de transformer la ferme urbaine en quelque chose de plus qu'un passe temps pour jeune cadre.

Cependant la ferme urbaine ne se confine pas qu'à l'agriculture, les agriculteurs urbains se tournent aussi vers l'élevage et la production laitière biologique pour réduire les kilomètres alimentaires et produire des alternatives locales pour les communautés.

Ces trois villes, Paris, Tokyo et Rotterdam, permettent aux entreprises innovantes d'exploiter tous les coins et recoins pour garantir une qualité locale.


La Caverne: agriculture sous un quartier parisien.


Cycloponics, une start-up d'agriculture urbaine locale basée à Strasbourg, fait pousser de la laitue, des herbes et des champignons; récemment, elle a tendue ses opérations le Paris souterrain.

La ferme urbaine réinventée dans trois villes
La ferme urbaine "La Caverne" à Paris; Photo: Le Parisien

La start-up a fait un abris pour ses semis sous le quartier de La Chapelle à l'est de la ville, qu'elle a nommé  "La Caverne".

La ferme urbaine souterraine se situe dans un garage sous un complexe de 300 logements populaires, couvrant 3500 mètres carrés.

La production varie de trois kilogrammes par mètre carré par mois pour les herbes aromatiques à 300 kilogrammes par mètre carré par mois pour les endives.

Les locataires de La Caverne rapportent ainsi: "Nous visons à fournir des produits à un tarif préférentiel, à faire des ateliers éducatifs et nous voulons également embaucher des gens du coin".

La Caverne a 10 membres travaillant ensemble pour entretenir les systèmes hydroponiques (système ou les plantes sont cultivées dans l'eau) afin de faire pousser les légumes, assurer la croissance optimale de la culture de champignons de la ferme et vendre leurs produits sur le marché.

Les pleurotes et les champignons shiitaké de la ferme sont cultivés sur des briques de fumier compostées. Les cultivateurs de La Caverne produisent aussi de la chicorée, une racine souvent utilisée pour le café, qui n'a pas besoin de la lumière du soleil pour pousser.

L'équipe vise à produire au final 54 tonnes de légumes et champignons par an. L'absence de soleil sous terre n'est pas un problème pour ces agriculteurs urbains: "Nous avons opté pour des cultures adaptées à notre environnement souterrain. Les champignons n'ont pas besoin de beaucoup de lumière pour croître et la chicorée pousse sans aucune lumière: notre consommation d'énergie est en fait plutôt faible"..

Pour les légumes à feuilles qui ont besoin de lumière, comme les salades, les micro-pousses et herbes aromatiques, les agriculteurs urbains utilisent des lampes LED. "Elles consomment moins d'énergie que les lampes habituelles et produisent aussi moins de chaleur: nous pouvons ajuster le spectre lumineux pour un développement optimal" rapportent-ils.

Ils utilisent ce qu'ils appellent  le "potager souterrain" pour cultiver, dans un même espace, différentes espèces de légumes qui interagissent de manière positive. "Le dioxyde de carbone généré par les champignons est utilisé par les micro-pousses pour grandir, les matériaux naturels sont compostés pour nos cultures... Ces méthodes sont grandement inspirées de la permaculture !"



Culture urbaine sous le métro de Tokyo.


"Je n'aurai jamais pensé que je cultiverai des légumes lorsque j'ai rejoint la compagnie férovière" s'exclame Remi Takahara un contrôleur du métro de Tokyo, réfléchissant sur le processus d'essais et d'erreurs qui l'a conduit à la culture des légumes.

Culture urbaine sous le métro de Tokyo.

Sous le nom "Tokyo Salad",  des directeurs de Tokyo Metro Co. et Metro Development Co.gérant le métro japonais, ont pris sur eux de cultiver dans une ferme urbaine un assortiment de salades et même des herbes dans un entrepôt sous les voies ferrées surélevées de la ligne Tokyo Metro Tozai.

Les graines sont placées sur des éponge avec des pinces à épiler, et les jeunes plants sont déplacés une fois qu'ils commencent à germer.

Un peu comme la ferme urbaine souterrain parisienne, les lampes LED fournissent la lumière aux plantes pendant 16h par jour et les nutriments liquides sont recyclés à travers un système fonctionnant 24h/24 et 7j/7.

Il faut environ 3 à 5 semaines pour qu'une plante atteigne la maturité. La ferme urbain n'utilise ni fertilisant, ni sol, en fait, les sept rangées de plantes poussent de façon hydroponique.

De la laitue frisée, du basilic, ainsi que des trouvailles plus rares telles que la laitue de corail rouge et le chou rouge sont parmi les 11 variétés régulièrement cultivées, avec environ 400 plantes cultivées par jour.

Les salades de la ferme urbain ainsi que les autres produits sont sur le marché depuis avril 2015. 



La ferme urbaine flottante de Rotterdam.


En 2016, Peter Van Wingerden, Carel deVries et Johan Bosman de la société de développement immobilier Beladon ont lancé la construction la d'une ferme laitière flottant sur la rivière Rhin-Meuse-Scheldt, dans la ville portuaire néerlandaise de Rotterdam. Il s'agit de la première ferme flottante au monde.

La ferme urbaine flottante de Rotterdam.

"Les agriculteurs hollandais nous ont demandé si les vaches avaient le mal de mer" rapporte Minke van Wingerden de Beladon, expliquant qu'une balade sur la ferme flottante sera à peu près la même chose que sur un bateau de croisière.

"La population mondiale augmente, et la plupart des villes dans les deltas s'enfoncent car il y a de plus en plus de béton" ajoute van Wingerden, mariée à Peter Wingerden ,PDG de Beladon. Elle explique qu'elle et son mari se sont rendus à New-York pendant l'ouragan Sandy, et, une fois la-bas, il a vu les placards vides et de la nourriture pour à peine deux jours. "Il s'est dit qu'il fallait faire les choses d'une autre façon, et l'idée est arrivée: pourquoi ne pas construire une ferme flottante ?"

L'idée des architectes est de mettre la production alimentaire aussi proche que possible du consommateur, même lorsque l'espace disponible est limité.

La ferme de Beladon abrite un total de 40 vaches sur une plate-forme flottante de 1 200 mètres carrés, produisant 800 litres de lait par jour. Ce lait est pasteurisé et transformé en yaourt dans une laiterie à l'étage inférieur.

Le pâturage du bétail est éclairé par des LED et les graines germent sur des supports spéciaux en cycles courts. Le bétail peut ainsi manger de la nourriture fraiche tous les jours, car ce système fait en sorte à ce que les pâturages soient produits tous les jours. Le bétail est donc tout aussi à l'aise que dans un prés.

Les vaches elles-mêmes déterminent quand elles veulent être traitées par le robot de traite. Cela engendre un système sur le libre-choix, dans le fait de choisir d'être à l'extérieur ou en intérieur, d'être traité, de manger ou de rester sous les arbres.

Les murs de la ferme flottante sont transparents afin que le cycle d'élevage laitier puisse être vu par les passants dans le but de les instruire sur ce système. "Souvent, les gens ne savent pas d'où vient leur nourriture, et j'aimerai leur montrer de près. Mais je veux aussi sensibiliser les agriculteurs pour qu'ils sachent où vont leurs produits." explique Albert Boersen, l'un des directeurs de la ferme flottante.



Qu'il s'agisse de s'aventurer dans le sous-sol ou de mettre du bétail sur l'eau, ce que ces projets indiquent c'est que les agriculteurs saisissent l'occasion d'innover sans cesse en forgeant de nouveaux terrains pour nourrir la population mondiale.


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