Les différentes voies qui ont mené à l'agriculture

Il y a environ 15000 ans, la culture natoufienne apparaissait dans ce qui est aujourd'hui le Moyen Orient. Cette culture était à la frontière entre le nomadisme et le sédentarisme et avait des origines complexes et diverses, bien plus que ce que pensaient les chercheurs jusqu'à présent.

Cette découverte provient d'une nouvelle étude d'une équipe de scientifiques et d'archéologues de l'Institut des Sciences Weizmann et de l'Université de Copenhague.

Les différentes voies qui ont mené à l'agriculture
 Au premier plan un foyer natoufien à Shubayqa, Jordan. Photo: The Weizmann Institute of Science

Les chasseurs-cueilleurs de la culture Natoufienne étaient éparpillés dans ce qui est aujourd'hui Israël, la Jordanie, le Liban et la Syrie, il y a environ 14000 à 11500 ans.

Ils ont été parmi les premiers peuples à construire des maisons permanentes et à cultiver des plantes comestibles.


Ces innovations ont été très probablement cruciales pour l'émergence subséquente de l'agriculture à l'époque néolithique.

De précédentes études avaient suggéré que le centre de cette culture était le Mont Carmel et la région de Galilée, et qu'elle s'était répandue à partir de là vers les autres parties de la région

La nouvelle étude de l'équipe Copenhague-Weizmann, publiée dans la revue Scientific Reports, conteste cette théorie de la «région centrale». L'article se base sur des preuves collectées sur un site natoufien en Jordanie, à près de 150km au nord-est d'Amman. Le site, appelé Shubayqa 1, a été fouillé par une équipe de l'Université de Copenhague dirigée par le Dr Tobias Richter de 2015 à 2015.

 Les fouilles ont mis au jour un site natoufien bien préservé, comprenant, entre autres choses, un grand assemblage de restes de plantes carbonisées. Ces types de restes botaniques, qui sont rares dans les nombreux sites natoufiens de la région, ont permis à l'équipe Weizmann-Copenhague d'obtenir le plus grand nombre de datations sur un site natoufien à ce jour en Israël ou Jordanie.

 La datation a été faite par le Professeur Elisabetta Boaretto à L'institut des Sciences Weizmann en utilisant la datation AMS (spectrométrie de masse par accélérateur). Elle dirige le laboratoire Dangoor Research Accelerator Mass Spectrometry (D-REAMS) dans l'Institut Weizmann. C'est 'un des rares laboratoires dans le monde qui utilise la technologie et les méthodes permettant d'analyser même les plus petits restes organiques d'un site et de pouvoir les dater précisément.


Avec le spectromètre de masse spécialement conçu par le laboratoire, Boaretto est capable de révéler la quantité de carbone 14 dans un échantillon jusqu'à l'atome même.


En se basant sur la moitié de la vie des atomes de carbone 14 radioactifs, la datation faite dans son laboratoire est précise à plus ou moins 50 ans.

Pour assurer la plus grande précision, l'équipe a sélectionné uniquement les échantillons d'espèces végétales à vie courtes, comme des graines ou des brindilles, pour obtenir les dates. Plus de vingt échantillons provenant de différentes couches du site ont été datés, ce qui en fait l'un des sites natoufiens les mieux datés à ce jour.

Les datations ont montré, entre autre, que le site avait d'abord était occupé peu de temps après les premières dates obtenues pour le nord d'Israël. Soit les natoufiens se sont développés très rapidement dans la région (ce qui est l'explication la moins probable), ou alors les schémas de peuplement sont apparus plus ou moins simultanément dans différentes parties de la région.

"Les anciennes dates de Shubayqa 1 montrent que les chasseurs-cueilleurs natoufiens étaient plus polyvalents qu'on ne le pensait. Une précédente étude avait relié l'émergence de la culture natoufienne à l'habitat riche de la zone boisée méditerranéenne. Mais les dates anciennes de Shubayqa 1 montrent que ces chasseurs-cueilleurs du pléistocène tardif pouvaient aussi vivre confortablement dans des zones de steppe plus ouvertes, à l'est," explique Richter.


Une partie de leur subsistance semble avoir été fortement tributaire de l'exploitation des tubercules, ainsi que d'autres plantes sauvages et la chasse d'oiseaux, gazelles et autres animaux.


Ces nouvelles dates ne cadrent pas toujours avec l'idée que le changement climatique était le principal moteur de l'abandon ou de la réinstallation, bien que cela a clairement joué un rôle. Boaretto suppose que la théorie de la "région centrale" vient en partie de ce que les sites du Mont Carmel ont été les mieux conservés et étudiés, jusqu'à présent.

En plus de remettre en question l'idée que le natoufien a commencé dans un endroit pour s'étendre vers l'extérieur, l'étude suggère que les chasseurs-cueilleurs qui vivaient il y a 15000 à 12000 ans étaient ingénieux et plein de ressources. Ils ont appris à utiliser de nombreuses plantes et animaux là où ils étaient, et à les utiliser d'une manière qui a conduit à une implantation rapide.

Les auteurs pensent que cela confirme l'idée selon laquelle il y a eu de nombreuses voies ayant mené à l"agriculture et "le mode de vie néolithique" était un processus très variable et complexe qui ne peut pas être expliqué sur la base de modèles à cause unique.


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