Une étude de Stanford explore le risque de déforestation avec le développement de l'agriculture en Afrique

L'Afrique produit près de 70% du cacao mondial, une production croissante qui nécessite de transformer plus de 1300 km² de forêts en terres agricoles chaque année. La-bas, c'est une goutte d'eau dans le seau de l'expansion agricole.

Cette expansion est le sujet d'une nouvelle étude de Stanford qui fournit la première évaluation complète sur la façon dont la demande internationale pour les cultures de base, comme le cacao, affecte les forêts tropicales de l'Afrique sub-saharienne, secondes en taille après l'Amazonie.

Une étude de Stanford explore le risque de déforestation avec le développement de l'agriculture en Afrique
La chercheuse principale Elsa Ordway collecte des données pour valider une étude de télédétection sur la déforestation et l'expansion agricole au Cameroun (Image credit: Courtesy Elsa Ordway)

Les découvertes, publiées dans la revue Environmental Research Letters, suggèrent des raisons d'espérer dans l'optique où les décideurs politiques adaptent les décisions concernant la déforestation autour des dynamiques et incertitudes propres à la région.

"Nous commençons à mieux comprendre les problèmes liés à l'expansion agricole à grande échelle dans les tropiques" dit l'auteur principal Elsa Ordway, étudiante diplômée de Stanford's School of Earth, Energy & Environmental Sciences,


"En Afrique, nous avons l'opportunité de tirer des leçons apprises des autres régions et de pouvoir recommander des politiques préventives"


En particulier, l'étude recommande des politiques qui allègeraient la pauvreté dans des régions locales et inciteraient à la conservation des forêts plutôt que la déforestation généralisée qui a accompagné l'expansion agricole dans d'autres régions.

Au fur et à mesure que les marchés internationaux se sont multipliés et se sont intégrés, la production de cultures à la demande, comme le soja et l'huile de palme, s'est éloigné des zones où les terres sont rares et où les réglementations en matière de ressources naturelles sont solides.

La production s'est ainsi déplacée vers des régions tropicales telles que l'Asie du Sud-Est et l'Amérique du Sud. Le Brésil et l'Indonésie représentaient à eux seuls plus de 60% de la déforestation tropicale mondiale de 2000 à 2005, en grande partie à cause de l'expansion agricole.

L'Afrique sub-saharienne, avec ses abondantes terres et main-d'œuvre bon marché, semble être une prochaine étape évidente pour les entreprises multinationales qui cherchent à se développer ailleurs.


Depuis 2015, la production agricole dans la région a augmenté au taux le plus rapide à l'échelle mondiale, et les terres cultivées devraient augmenter de plus de 10 pour cent d'ici 2025.


Bien que les taux de déforestation en Afrique restent bien en-dessous de ceux de l'Amérique du Sud et de l'Asie du Sud-Est, la région a perdu une superficie de forêt intacte de la taille de l'Islande depuis 2000.

Ces forêts africaines, que l'on trouve principalement dans le bassin du Congo, représentent 30% du total mondial et constituent une source importante de revenus locaux.

En plus de réguler le climat, de protéger la qualité de l'eau et de contrôler les maladies, les forêts alimentent et fournissent des moyens de subsistance à au moins 100 millions de personnes vivant à proximité.

Les produits forestiers tels que le bois représentent en moyenne 6% du produit intérieur brut de l'Afrique subsaharienne, soit le triple de la moyenne mondiale.


Éviter la déforestation.


L'expansion de la production végétale en Afrique subsaharienne à jusqu'à présent, été conduite principalement par de petits et moyens agriculteurs locaux qui stimulent l'économie régionale et peuvent se développer en générant moins de perturbation sur les forêts.

Mais de grands changements sont en train de se préparer. Au cours de ces dernières années, des sociétés multinationales ont acheté une superficie plus grande que le Costa Rica dans le bassin du Congo fortement arboré, principalement pour des cultures comme l'huile de palme et le soja.

Au fur et à mesure que les multinationales se déplacent, elles sont plus susceptibles d'acquérir des terres en défrichant des forêts intactes en raison de conflits de propriété résultant de la complexité foncière de la région.

Cependant, les auteurs de l'étude suggèrent que l'Afrique pourrait être épargnée par la déforestation massive, qu'entrainerait la monoculture à grande échelle, comme cela a été le cas dans des régions comme l'Asie du Sud-Est, en mettant en œuvre des politiques qui donnent la priorité à la conservation des forêts et au contrôle local de la terre.

"La société civile, les responsables politiques et les sociétés privées peuvent bénéficier de nombreuses années d'essais et d'erreurs avec des politiques anti-déforestation en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est pour concevoir des interventions plus efficaces en Afrique subsaharienne," explique le co-auteur Eric Lambin, de Stanford's School of Earth, Energy & Environmental Sciences.


Parmi les solutions possibles:
- Promouvoir des investissements qui garantissent aux petits et moyens agriculteurs de continuer à stimuler l'expansion agricole afin d'atténuer la pauvreté et d'éviter les conflits fonciers;
- Encourager les cultures à l'ombre, comme pour le cacao afin d'inciter à la conservation de la couverture forestière;
- Trouver les moyens d'attirer l'attention des consommateurs africains sur les problèmes qu'engendrent la déforestation.

"Les pertes forestières futures pourraient être atténuées par des politiques qui abordent l'influence changeante des marchés nationaux et internationaux," ajoute le co-auteur Greg Asner, professeur à
à Stanford's School of Earth, Energy & Environmental Sciences.

En attendant; les résultats de l'étude pourraient encourager les engagements zéro déforestation pris par des dizaines d'entreprises internationales et aider les pays à adhérer à leurs engagements en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


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