Comment les arbres interagissent: de nouvelles découvertes
Des écologues de l'Université Technique de Dresde en coopération avec l'Université Leuphana de Lüneburg, l'Université Martin-Luther de Halle-Wittemberg, l'Université forestière de Beijing et le Centre Allemand pour la Recherche Intégrative sur le Biodiversité (iDiv, Leipzig), rapportent que notre compréhension sur la façon dont interagissent les arbres est encore limité. L'article a été publié dans la revue Nature Communications.
Pendant une décennie, les chercheurs ont exploré la façon dont la diversité des espèces d'arbres affecte leur coexistence et leur performance de croissance dans la plus grande expérience de biodiversité avec des arbres du monde entier, appelée expérience BEF-China.
Aperçu d'une partie des 50 hectares du projet BEF-China. Photo: Goddert von Oheimb
L'un des centres d'intérêts principaux de l'équipe BEF-China est d'explorer les relations entre la diversité des arbres et les multiples fonctions de l'écosystème, en particulier celles qui profitent à la société, comme la production de bois ou l'atténuation de l'érosion des sols.
A cet effet, un site expérimental de 50 hectares en Chine subtropicale ont été plantés avec plus de 400 000 arbres et arbustes.
Les arbres ont atteint une hauteur de 10 à 15m et leurs couronnes ont formé une canopée dense.
Les découvertes apportent aujourd'hui un nouvel aperçu des interactions entre les arbres: l'environnement local d'un arbre détermine fortement sa productivité, ce qui signifie que les arbres qui poussent individuellement dans un zone riche en espèces produisent plus de bois que ceux qui poussent entourés de la même espèce.
"Ce qui est particulièrement impressionnant, c'est que l'on a constaté que les interrelations d'un arbre avec ses voisins immédiats entrainent une plus grande productivité de toute la communauté arboricole, et que de telles interactions de voisinage expliquent plus de 50% de la productivité totale des peuplements forestiers" rapporte l'écologue forestier Dr Andreas Fichtner.
L'importance des interactions de voisinage dans la régulation de la productivité des peuplements forestiers augmente à mesure que les peuplements forestiers sont plus riches en espèces arboricoles.
Ces découvertes montrent que la coexistence d'arbres voisins et leurs interactions à petite échelle expliquent en grande partie la productivité des forêts mixtes riches en espèces
Les scientifiques ont pu aussi identifier les mécanismes expliquant pourquoi les endroits riches en espèces favorisent la productivité des arbres.
Leurs découvertes montrent que la compétition est moins répandue dans les zones riches en espèces et que les zones riches en espèces peuvent même mener à la facilitation par exemple en améliorant des conditions microclimatiques ou par des interactions positives avec les champignons du sol.
"Ces découvertes contribuent à une meilleure compréhension des interactions des arbres et du fonctionnement des écosystèmes forestiers, et elles sont particulièrement pertinentes pour la conservation de la nature et la foresterie" ajoute le Professeur Dr Goddert von Oheimb du Département des Sciences Forestières à l'Université de Dresde.
Par exemple, les programmes de boisement dans des pays qui ont connu une déforestation importante dans le passé, pourraient bénéficier de la plantation de plusieurs espèces d'arbres indigènes à la plus petite échelle spatiale au lieu de planter des monocultures ou de mélanger des parcelles monospécifiques à des échelles spatiales plus grandes.
En outre, l'étude souligne l'importance des mesures à long terme pour préserver la biodiversité mondiale. Celle-ci, à son tour, profitera à la multifonctionnalité des écosystèmes forestiers et à leurs services écosystémiques associés qui profitent à la société.
"Cela montre que la conservation de la biodiversité n'est pas exclusivement une question écologique ou éthique, mais plutôt une nécessité assurant le bien-être socio-économique" ajoute le Dr Andreas Fichtner
Publication originale dans Nature Communications: Neighbourhood interactions drive overyielding in mixed-species tree communities.
Plus d'informations sur le projet BEF-China: http://www.bef-china.de/index.php/en/
Source:
- Eurekalert: "How trees coexist. New findings from biodiversity research published in Nature Communications"
Liens:
- Université Technique de Dresde
- Université Leuphana de Lüneburg
- Université Martin-Luther de Halle-Wittemberg
- Université forestière de Beijing
- Centre Allemand pour la Recherche Integrative sur le Biodiversité (iDiv, Leipzig)
- Department of Forest Sciences at the TU Dresden
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