Une étude archéologique révèle les premières transformations de la planète via l'utilisation des terres

L'utilisation de la terre par les premiers agriculteurs, les éleveurs et même les sociétés de chasseurs-cueilleurs a été suffisamment importante pour avoir créé un changement significatif de la couverture terrestre dans le monde il y a 3 000 à 4 000 ans.

C'est beaucoup plus vieux que prévu et cela remet en question les opinions qui prévalent concernant la date du début de l'anthropocène situé au milieu du XXe siècle. Telles sont les conclusions d'une nouvelle étude publiée dans Science, réalisée par une grande équipe internationale d'archéologues et de scientifiques de l'environnement.

Une étude archéologique révèle les premières transformations de la planète via l'utilisation des terres


Nicole Boivin, directrice du département d'archéologie de l'Institut Max Planck et auteure principale de l'étude, note que "les archéologues possèdent des ensembles de données cruciaux pour évaluer les impacts humains à long terme sur le monde naturel, mais ils restent largement inexploités en termes d'évaluations à l'échelle mondiale."

Elle observe que "cette nouvelle approche de la mise en commun des données archéologiques est extrêmement novatrice et offre aux chercheurs une perspective unique." Cette collaboration permet la création d'une grande base de données archéologiques pour étudier le changement environnemental dans le passé.

Le projet ArchéoGLOBE (ArchaeoGLOBE project) a été cordonné par une équipe internationale de chercheurs qui ont développé une enquête en ligne visant à recueillir des estimations de l'utilisation des terres par des archéologues ayant une expertise régionale.


La présente étude offre une nouvelle façon d'évaluer les connaissances archéologiques sur l'utilisation des terres par l'homme à travers le monde au cours des 10 000 dernières années.


En intégrant le crowdsourcing (production participative) archéologique en ligne, l’étude a pu intégrer les compétences locales de 255 archéologues pour atteindre un niveau de couverture mondiale sans précédent.

Cette évaluation archéologique mondiale et l’approche collaborative qu’elle induit contribueront à stimuler et à soutenir les efforts futurs visant à comprendre l’utilisation ancienne des terres en tant que moteur des changements environnementaux à long terme dans le système terrestre, dont les changements climatiques.

"Ce type d'étude nous amène à repenser le rôle des humains dans les systèmes environnementaux, en particulier dans la façon dont nous comprenons les environnements «naturels»," explique Lucas Stephens de l'Université de Maryland Comté de Baltimore, de l'Université de Pennsylvanie et de l'Institut Max Planck, qui a dirigé la collaboration mondiale des archéologues qui ont produit l'étude. "Cela nous permet également d'identifier des modèles de distribution de nos données et de hiérarchiser les zones de collecte futures afin d'améliorer la fiabilité des ensembles de données mondiaux."

L'étude des données archéologiques révèle l'impact considérable de l'homme s'étendant sur des milliers d'années. "Alors que les rapports et les échelles modernes de changement global anthropique sont bien plus grands que ceux du passé ancien, les changements cumulatifs à long terme provoqués par les premiers producteurs de denrées alimentaires sont plus importants que beaucoup ne le réalisent," dit Andrea Kay de l'Institut Max Planck et de l'Université de Queensland, une des auteures principales de l'étude, "même une agriculture à petite échelle ou en mutation peut provoquer un changement global si elle est envisagée à grande échelle et sur de longues périodes."

En reconnaissant l'impact profond de l'homme sur la planète et en comprenant mieux les interactions homme-environnement à long terme, les chercheurs pensent que nous pouvons mieux planifier les scénarios climatiques futurs et éventuellement trouver des moyens d'atténuer les impacts négatifs sur les sols, la végétation et le climat.

"Il est temps de sortir du paradigme essentiellement récent de l'Anthropocène et de reconnaître que les changements à long terme du passé profond ont transformé l'écologie de cette planète et ont produit les infrastructures socio-écologiques (agricoles et urbaines) qui ont façonné le monde contemporain. Des changements sont possibles ", estime Erle Ellis de l'université du Maryland dans le comté de Baltimore, "ces changements passés ont produit les infrastructures socio-écologiques qui ont rendu possibles les changements mondiaux contemporains."


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